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JONATHAN TREMBLAY- d’ingénieur à RELIEUR INGÉNIEUX


Mars 2013

JONATHAN TREMBLAY- d’ingénieur à RELIEUR INGÉNIEUX

Par Jocelyne Aird-Bélanger

Le réputé relieur de la ville de Québec, Jonathan Tremblay devint d’abord ingénieur en 1992 après avoir complété un baccalauréat en génie électrique de l’Université de Sherbrooke. Il a obtenu par la suite un diplôme en design d’intérieur à Québec avant de s’investir totalement dans l’art et le métier de relieur qu’il pratique à temps plein depuis 20 ans. Autodidacte, il étudie d’abord à la Tranchefile à Montréal. Par la suite, Il s’est perfectionné, par le biais de nombreux stages dispensés par des maîtres-relieurs européens.  En 1996, il fonde dans la ville de Québec, l’Atelier la Parure  où il enseigne la reliure et accepte des apprentis.

PROCESSUS CRÉATEUR :

Jonathan Tremblay a gardé de sa formation d’ingénieur, une façon méthodique de travailler et de réfléchir d’une manière très cartésienne à sa production artistique afin de bien circonscrire les problèmes liés à la création. Il analyse le défi qu’on lui pose, la commande précise qu’on lui soumet et trouve la solution la plus efficace pour arriver au résultat escompté, en cohérence avec le budget, les attentes du client et la qualité ou l’importance du livre à relier ou du projet à réaliser.

Après avoir discuté avec le client et avoir cerné au plus près ses attentes, il réalise un prototype qui s’avère le plus souvent définitif. Avant de commencer à construire sa maquette, il fait d’abord des croquis de son projet qui sont, la plupart du temps, des abstractions géométriques. L’idée se précise peu à peu avant d’aboutir à l’élaboration finale. Il y va selon l’intention du client et selon son intuition, influencé par le titre, le texte ou les images et plutôt par une impression d’ensemble de l’œuvre à accomplir.

Il n’a pas de cahiers de croquis et se laisse surtout inspirer par les matériaux qui pourraient le mieux convenir au projet en cours. L’étape suivante consiste à étendre sur sa table de travail, le contenu de son imposante banque de matériaux parmi lesquels il sélectionnera un ensemble de produits convenant à tel projet spécifique. Ses cuirs viennent de partout. Il utilise beaucoup de cuirs marins comme le galuchat ou la carpe. Sa banque de matériaux est si bien garnie qu’il ne croit pas réussir à utiliser un jour, tous les trésors qu’elle renferme. Il continue pourtant à l’alimenter, toujours séduit par les cuirs exotiques, les échantillons de maroquinerie ou de tissus qu’il découvre à tout coup lors de ses voyages en France, aux États-Unis ou ailleurs. Il a aussi monté en parallèle, un répertoire de fournisseurs d’une richesse impressionnante.

Expériences variées :

Jonathan Tremblay a toujours été très habile de ses mains d’où son attirance pour tous les aspects du métier de relieur. Il réalise des reliures, des boites pour des médailles ou des textes, des commandes, des produits corporatifs, de la restauration et à l’occasion, ses propres créations. Il a pu constater au cours des ans que les clients, ne s’y connaissant pas en reliure et n’étant pas soumis à l’influence de leur milieu, établissent plus facilement une relation de confiance avec le relieur qu’avec le designer d’intérieur, métier qu’il a pratiqué antérieurement.

Président des Amis de la reliure d’art du Canada (ARA-Canada), il organise de nombreux échanges avec des relieurs français dont certains viennent en stage chez lui chaque été. ARA-Canada met sur pied une exposition nouvelle presque chaque année. La dernière encore en cours, LES ESCALIERS DE QUÉBEC sera présentée à Montréal et à Paris. La prochaine est une collaboration avec l’École Estienne de Paris. Le projet s’appelle LA COULEUR DU VENT, un texte de Gilles Vigneault et réunira 25 relieurs nord-américains et 25 français. www.aracanada.org

Il fait partie du Conseil des Métiers d’art du Québec et est très souvent invité comme jury. En tant que jury, il se fie au départ sur sa première impression, sur l’émotion qui se dégage d’une œuvre. Puis il devient plus minutieux, exigeant et pointilleux et analyse en détail la technique.

L’artiste-ingénieur a participé à plusieurs expositions thématiques et a remporté de nombreux prix. Parmi les prix et distinctions qu’il a obtenus, soulignons le prix du Golden Book en Estonie en 2000 et le Prix de la relève québécoise en 1996. Il se méritait en 2011, le prix Best Binding du Chicago Public Library au concours «One Book, Many Interpretations» pour sa reliure de BROOKLYN de Colm Tóibín. Le concours réunit aux 5 ans, 100 participants dont on retient 50 exposants. Ce prix a fait beaucoup pour le faire mieux connaître au Canada et aux États-Unis.

Pour conclure, Jonathan Tremblay déplore que l’enseignement complet de la reliure existe de moins en moins dans les diverses institutions. C’est un savoir et un métier qui se perdent. Il n’y a presque plus d’écoles où apprendre toutes les techniques du métier et elles ferment l’une après l’autre en Europe. Restent en France, le lycée Tolbiac et l’École Estienne dans le 13e à Paris. On l’enseignait autrefois à l’Institut des Arts graphiques à Montréal mais l’institut est maintenant fermé. Ce métier d’art exigeant demande plus qu’un cours ou deux d’initiation. Il faut aussi de l’expérience et suivre des stages de perfectionnement où qu’ils se donnent.

Le relieur travaille le plus souvent seul mais s’il doit compléter une grosse commande, il embauche des gens qu’il a formés lui-même. Pour lui, le livre électronique n’est pas une menace pour les artisans relieurs. Ce sont plutôt les entreprises de reliures industrielles qui en souffrent. Outre le fait que les artisans peuvent créer des reliures pour les tablettes de lecture électronique, il croit que la reliure d’art deviendra d’autant plus appréciée que le livre se fera de plus en plus rare et précieux.

Le travail du relieur au Québec et au Canada est très complexe car il doit bien souvent, tout faire lui-même -le papier décoré, la dorure, etc. Alors qu’en France ou en Belgique où ce métier est vraiment choyé, il peut avoir recours à des ateliers spécialisés dans ces matières, ici, le relieur ne peut en général que compter sur ses propres ressources. Il est tout à la fois concepteur, réalisateur et exécutant, en somme un homme orchestre très ingénieux .

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Photos choisies par J.Tremblay -no. 69,72,76,114,193


 

JONATHAN TREMBLAY-from engineer to INGENIOUS BOOKBINDER

By Jocelyne Aird-Bélanger

 The renowned bookbinder of Quebec City, Jonathan Tremblay became an engineer in 1992 after completing a diploma in electric engineering at the University of Sherbrooke. He then obtained a diploma in interior design in Quebec before becoming a full time art bookbinder for the last 20 years. Self-taught, he studied at first at the Tranchefile, Odette Drapeau’s studio in Montreal. Afterward, he followed numerous specialized training courses dispensed by European masters bookbinders. In 1996, he opened l’Atelier La Parure in Quebec City, where he teaches book binding and accepts apprentices.

CREATIVE PROCESS:

In his artistic production, Jonathan Tremblay kept of his engineer's formation, a way of working and of thinking in a very Cartesian way in order to define with precision the problems connected to his creation. He analyzes the challenge put to him and finds the most effective solution to attain the expected result, according to the budget, the expectations of the customer and the quality or the importance of the book to bind or of the project to realize.

After discussing with the customer and having determined his expectations, he realizes a prototype which turns out to be definitive most of the time. Before beginning to build his model, he first draws sketches of his project which are mostly geometrical abstractions. The idea becomes clearer little by little before ending in the final elaboration. He works according to the intention of the customer and according to his intuition, influenced by the title, the text or the images and rather by an impression of the whole work to be achieved.

He has no sketch books and is especially inspired by the materials which could best suit to the current project. The following stage consists in spreading on his desk, the contents of his impressive bank of materials among which he will select a set of products suiting to a specific project. His leathers come of everywhere. He uses a lot of marine leathers as the shargreen or the carp. His bank of materials is so well stocked that he does not believe he will ever manage to use all the treasures it contains. He continues nevertheless to fill it, always seduced by exotic leathers, samples in leather or fabric boutiques which he discovers every time he travels in France, in the United States or elsewhere. He also has put up, in parallel, a huge repertoire of suppliers.

VARIED EXPERIENCES:

 Jonathan Tremblay was always very good with his hands which explain his attraction for all the aspects of the bookbinder's art. He makes bindings, boxes for medals or texts, commissions, corporate products, restoration and occasionally, his own creations. He noticed during the years that customers,  knowing nothing about book  binding and not being  influenced by their environment, establish  a more reliable relation with  bookbinders than with  interior designers as was able to  experience in  his previous job.


President of Friends of the binding of art of Canada (ARA Canada), he organizes numerous exchanges with French bookbinders. Some of them come for internship in his studio every summer. ARA-Canada sets up a new exhibition almost every year. The last one, still showing, THE STAIRCASES OF QUEBEC will be presented in Montreal and in Paris. The next one is a collaboration with the School Estienne of Paris. The project is called THE COLOR OF the WIND, on Gilles Vigneault's poem and will gather 25 North American bookbinders and 25 French. Www.aracanada.org

He is a member of the Conseil des Métiers d’art du Québec (Quebec professional craft council) and is very often invited as jury. As jury, he trusts his first impression, based on the emotion coming out of a work. Then he becomes more meticulous, demanding and fastidious about the technical aspects of the work.

 

The artist-engineer participated in several thematic exhibitions and obtained numerous prizes. Among the prizes and the distinctions which he was awarded, are the Golden Portfolio Prize in Estonia in 2000 and the Emerging  Quebec Artists Prize in 1996. In 2011, he won the Best Binding Prize of the Chicago Public Library in the competition «One Book, Many Interpretations» for his binding of BROOKLYN by Colm Tóibín. This competition reunites every 5 years, 100 participants of which 50 exhibitors are retained. This prize contributed a great deal to increase his reputation in Canada and in the United States.


CONCLUSION:

Jonathan Tremblay regrets that the complete teaching of the art of book binding exists less and less in the diverse institutions. It is a knowledge and a craft slowly disappearing. There are no schools anymore where to learn all the techniques of the craft and they close one after the other in Europe. In France, the Tolbiac High School and the Estienne School in the 13th district in Paris remain. The Institute of the Graphic Arts in Montreal used to teach it but the institute is now closed. This demanding art and profession requires more than one or two initiation courses. It also demands experience and advanced training courses to be followed wherever they are given.

Bookbinder Tremblay works mostly alone but if he has to complete a large order, he hires people whom he trained himself. For him, the electronic book is not a threat for craftsmen bookbinders. It is rather the industrial binding companies that will suffer from it. Besides the fact that art book binders can create bindings for electronic reading tablets, he believes that the art of book binding will become all the more appreciated as the books become more and more rare and precious.

The work of the bookbinder in Quebec and in Canada is very complex because very often, he has to make everything himself - the decorated paper, the gilt, etc. While in France or in Belgium where this art and craft is really cherished, he can turn to studios specialized in these subjects. Here, the bookbinder has to rely on his own resources. He is at the same time designer, director and artisan, in short a very ingenious one-man band.

 

 

 

Adresse de fournisseurs

 

LA TROUVAILLE (cuir divers provenent des grands couturiers)

25 rue Lecuyer

93400  SAINT OUEN

France

Téléphone : 33  6.78.44.06.33


 

 

LES CUIRS FOURNIER( cuirs divers provenant d’Italie)

18 Rue de Crussol

75011 Paris,

France

Téléphone : 33 1 48 06 54 54

 

 

Pausserie Poulain (suède de porc et chèvre)

52 Boulevard Richard-Lenoir
75011 Paris,
France
Téléphone : 33 1 48 05 54 54
 

 

Scarlett Cuir (peaux entières et chutes de cuir)
20 rue Godot de Mauroy
75009 PARIS
Téléphone : 33 1 40 060 831

www.scarlett-cuir-paris.com

 






Espagne

Téléphone : 34 9 17 24 08 16    
 
 
Montse Buxo (Papiers marbrés modernes  et classiques)
Santa Agata, 16
Barcelona 08012
Spain
Téléphone : 34 9 32 17 10 08

 

 

CTS (lame de bistourie et outil pour la restauration)

26 Passage Thiéré,

75011 Paris,

Téléphone : 33 1 43 55 60 44


 

 

L’ÉCLAT DE VERRE (Parier et matériel de reliure)

2 bis, Rue Mercoeur

75011 Paris

France

tel : 01.43.79.23.88
www.eclatdeverre.com

 

Tannerie Rémy Carriat (cuir de buffle)
B.P. 1
64250 Espelette

France

Téléphone : 33 5 59 93 90 88
www.carriat.com

 

Centre des métiers du cuir de Montréal (Service de refente du cuir)

911, rue Jean-Talon Est,
bureau 108,
Montréal (Québec)  H2R 1V5
Téléphone. : 514-270-1336
www.cmcm.qc.ca